
Quand j’ai écrit Le Syndrome Copernic, en 2006, l’un de mes tout premiers thrillers, j’ai voulu plonger le lecteur dans l’esprit tourmenté de mon héros, Vigo Ravel — un homme aux prises avec une schizophrénie paranoïde.
Pour rendre cette expérience la plus authentique possible, j’ai travaillé en étroite collaboration avec plusieurs psychiatres. L’un d’eux, chef du service psychiatrie d’un grand hôpital en Isère, a même accepté — en masquant bien sûr l’identité des patients — de me confier certaines lettres écrites par des personnes souffrant d’hallucinations auditives et visuelles, souvent accompagnées de crises aiguës de paranoïa.
Au fil de ces lectures, j’ai commencé à discerner des motifs récurrents, des signes, des obsessions. Parmi eux, l’arithmomanie : ce besoin irrépressible de compter, d’attribuer aux chiffres une signification cachée, presque mystique.
C’est ainsi que j’ai construit chez Vigo cette obsession pour le nombre 88. Tout part d’un détail — sa montre alphanumérique qui, en se brisant, affiche l’heure impossible : 88:88.
Dès lors, le chiffre envahit son esprit. Il le traque, le voit partout. Et, naturellement, je me suis amusé à le dissimuler à mon tour dans le roman…
Mais ce que peu de lecteurs ont remarqué, c’est que le fameux 88 est aussi caché… dans le titre. Eh oui ! Huit lettres dans Syndrome, huit lettres dans Copernic ! (on s’amuse comme on peut…). Allons, cela n’aurait jamais échappé à Vigo !
Il me reste tant d’anecdotes à partager autour de la rédaction de ce livre — comme la précieuse aide de ma sœur Hélène, chercheuse au CNRS, sans qui certaines pages n’auraient jamais vu le jour — mais ce sera pour une prochaine Confidence…