Gabriel Joly revient…

Encore un peu de patience : après avoir été repoussée, la date de publication du quatrième et dernier volet des enquêtes de Gabriel Joly est fixée ! Rendez-vous en octobre 2025 pour Le Fantôme de Versailles !

Challenge #7Jours7Pubs

À l’occasion de la sortie de Pour ne rien regretter en librairie, je me suis lancé un défi personnel, créer une publicité un peu singulière chaque jour, pendant 7 jours !
Pour réaliser ces pubs, j’ai utilisé les logiciels Blender, Character Creator et Photoshop, et je me suis remué les méninges avec l’ami Fabrice Mazza.

En espérant que ces panneaux sauront vous amuser, que vous l’ayez lu ou non… N’hésitez pas à partager !

Dédicaces et soutien aux jeunes diabétiques…

Alors que Pour ne rien regretter rencontre déjà un joli succès en librairie grâce à vous, voici la liste des prochaines séances de dédicaces, avec l’ajout de plusieurs nouvelles dates, dont l’une sera pour moi très exceptionnelle.
En effet, le dimanche 17 novembre prochain, le talentueux et néanmoins ami Bernard Minier aura la gentillesse de m’accompagner à la Cité des Sciences (30 Av. Corentin Cariou, 75019, Paris) pour une séance de dédicaces exceptionnelle, dont l’intégralité des sommes perçues sera reversée à l’association d’Aide aux Jeunes Diabétiques (AJD), qui, comme vous le savez sans doute, est particulièrement chère à mon cœur de papa…

J’espère que vous serez nombreux à pouvoir nous retrouver, entre 14h et 17h, à l’espace Centre des congrès, au premier sous-sol de la Cité des sciences. Chaque livre que vous achèterez sur place permettra de venir en aide à cette association qui est un soutien salvateur pour toutes les familles dont un enfant est atteint de diabète de Type 1. Je vous en remercie d’avance du fond du cœur ! Tout comme je remercie vivement les éditions XO et Pocket pour leur généreux soutien dans cet événement.

À très vite !

Retours de lecture

Pour ne rien regretter est sorti depuis une semaine, et je reçois déjà des messages formidables, qui me touchent au plus haut point, tant ce livre compte pour moi. Quelle émotion de découvrir, sur Babelio par exemple, de si beaux retours de lecture ! Je suis comblé en voyant que le combat de Véra – cette jeune femme porteuse de lumière sur les ruines de l’effondrement – a su vous toucher !
En écrivant ce roman, j’éprouvais le besoin d’offrir aux lecteurs la peinture d’un avenir désirable, face aux défis que pose notre siècle, tant en termes de liberté que d’environnement. Un autre monde est possible : rappelons-leur que notre liberté n’est pas à vendre !

Pour ne rien regretter

Pour ne rien regretter
XO (24 octobre 2024)

« Je m’appelle Véra et je voulais vous parler du bruit de la pluie sur la tôle ondulée, qui fait drôlement de peine, comme bon souvenir. »

À Providence, petite ville perdue dans le grand nulle part, une voix s’élève doucement au milieu du silence. Une voix différente. La voix de Véra.

Peu à peu, cette jeune fille écorchée va devenir un symbole de résistance face aux injustices du monde moderne.

À la force du cœur et par amour de sa terre, elle va entraîner les siens dans l’ultime combat de David contre Goliath.

Parce que, même sur les ruines d’une terre dévastée, il est des fleurs fragiles que rien ne peut empêcher d’éclore.

Un roman coup de poing.
Une ode à l’espoir et à la liberté.

Après le succès de Nous rêvions juste de liberté, le livre culte d’Henri Lœvenbruck

So long, my friends !

Je tenais à vous annoncer ici que j’ai pris la décision de quitter la Ligue de l’imaginaire, collectif d’auteurs que j’ai créé en avril 2008 avec mes amis Maxime Chattam, Olivier Descosse et Franck Thilliez, et qui compte aujourd’hui plus de 20 membres. Cela fut pour moi une aventure magnifique, et je crois que nous avons réalisé ensemble de fort belles choses pendant toutes ces années, prix littéraires, soutiens de jeunes auteurs, rencontres mémorables, etc.

Malheureusement, aujourd’hui, ma vie personnelle et professionnelle ne me laisse plus assez de temps pour participer activement à ce collectif, comme j’ai toujours tenu à le faire, et pour tout dire je ne me sens plus vraiment en harmonie avec certains de ses derniers choix. Nos routes associatives se séparent, ce qui n’enlève rien aux belles amitiés que j’ai pu y nouer, et nous aurons mille occasions de nous croiser encore.

Je souhaite encore de beaux succès et de beaux projets à ce collectif auquel j’ai participé avec un immense plaisir, et je me félicite de l’arrivée de bien belles personnes ces dernières années, en espérant qu’elles trouveront le même plaisir que j’ai eu à côtoyer cette bande pendant plus de quinze ans.

Bon vent, et que vivent l’imaginaire, l’amitié et le vin chilien !

Henri Lœvenbruck

Entretien avec Henri Loevenbruck

(compilation de plusieurs entretiens réalisés entre 2003 et 2019)

Quand et comment décide-t-on de vivre de sa plume ?
On ne décide pas forcément d’écrire. Souvent, l’écriture s’impose à vous. C’était mon cas. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu envie d’écrire, et j’ai commencé très jeune, d’abord par des BD, que je dessinais moi-même ou avec des amis, ensuite par des nouvelles, et enfin par mes premiers romans… On ne décide pas non plus d’en vivre. Ce sont les lecteurs qui, s’ils sont assez nombreux, vous le permettent.

Peut-on d’ailleurs en vivre (bien) en France ?
Ce n’est pas aisé, nous ne sommes pas nombreux à pouvoir le faire, et c’est même de plus en plus difficile aujourd’hui, mais si vous avez la chance (et je dis bien la chance… ce n’est pas toujours affaire de talent) de rencontrer un peu de succès, d’être traduit, on peut en vivre correctement. J’ai commencé à en vivre après la parution de mon quatrième roman. Mais pendant les quatre premiers, je gagnais ma vie à côté, avec mon métier de journaliste.

Les dédicaces sont parfois des moments étonnants. Quel est votre pire souvenir de dédicace ? Votre meilleur souvenir ?
Mon pire souvenir de dédicace, c’était une après-midi passée à signer à côté d’Alain Robe-Grillet, un auteur que j’avais étudié en khâgne et que j’étais donc heureux de rencontrer… Bon… Ce n’est pas bien de dire du mal des gens, surtout défunts, mais disons que j’ai découvert l’homme derrière l’écrivain, qu’il m’a paru parfaitement détestable, et que j’aurais préféré rester sur une autre image !
Le meilleur souvenir, c’était à Epinal, en 2001, une gamine de onze ans qui avait lu mes livres plusieurs fois, qui était passionnée, curieuse, drôle, intelligente… Je venais d’être papa, quelques jours avant, et je me suis soudain dit que ma fille, un jour, serait peut-être comme ça, comme elle, et je ne sais pas pourquoi, ça m’a fait un bien fou. Je suis resté en contact avec cette lectrice, Marie, qui est devenue une amie. Cela fait presque vingt ans qu’on s’écrit régulièrement, et que je la vois grandir avec émotion, comme une petite sœur. Après vingt ans de carrière, c’est très émouvant de pouvoir garder ses lecteurs pendant de si nombreuses années ; il m’arrive d’en voir certains devenir parents, d’autres faire lire mes bouquins à leurs enfants… Damned, je vieillis !

Vos cinq livres cultes ?
Je n’ai que deux livres fétiches : La Vie devant soi et Pseudo, d’Emile Ajar. Ensuite, il y a des centaines de bouquins que j’aime, et je ne saurais évidemment pas les classer ; ces histoires de classement sont un peu farfelues. On ne classe pas plus les livres que l’on aime que l’on ne classe ses enfants ! On les aime tous éperdument !
Je peux tout de même en citer quelques-uns, au hasard, comme ça… La Conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole, Ça de Stephen King, Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, Le Pendule de Foucault d’Umberto Eco (dont je soupçonne, comme Les Bienveillantes, que beaucoup l’ont acheté et peu vraiment lu), plusieurs Bret Easton Ellis, etc…

Avez-vous déjà éprouvé des moments de découragement pendant l’écriture d’un roman ?
Toujours ! Chaque fois. Bien sûr ! Autant de moments de découragement que de moments de jubilation. Les dernières semaines, souvent, concentrent les deux : on se réjouit à l’idée de terminer enfin, mais on s’en inquiète aussi, on commence à douter… De tous mes romans, celui qui m’a donné le plus de peine fut sans aucun doute J’irai tuer pour vous, mais pour des raisons plus humaines que littéraires, puisque l’ami dont je parlais dans ce livre a eu la très mauvaise idée de se faire emporter par une leucémie, et que j’ai eu bien du mal à faire mon deuil en devant continuer à raconter son histoire… Mais c’est un luxe, de pouvoir éprouver tout ça. Vivre de ce métier est une chance telle que le découragement, au fond, est presque délicieux et salvateur. Qu’aurait-on à écrire, si tout était si facile ?

Cinq films cultes ? Un réalisateur fétiche ?
Les cinq films cultes de ma jeunesse : Brazil, Phantom of the paradise, JFKMagnolia et, euh, oui, je dois l’avouer : Les Demoiselles de Rochefort (eh, oh, ça va, hein !). Mais avec l’âge, mes goûts se sont diversifiés et la liste serait trop longue. Le réalisateur que je suis le plus, que je connais le mieux, dont je ne rate jamais aucun film et dont je lis chaque écrit, chaque interview, c’est Oliver Stone, qui me fascine tant comme réalisateur que comme scénariste.

Comment qualifiez-vous le couple auteur/éditeur ?
Essentiel, délicat, compliqué, salvateur. Il faut beaucoup de confiance et d’humilité pour accepter ce rapport étrange avec un autre qui vient juger et corriger votre travail. Parfois, c’est dur, vexant. Souvent, c’est jouissif. J’ai eu beaucoup de chance en travaillant avec des éditeurs incroyables, tels Stéphane Marsan chez Bragelonne, ou Stéphanie Chevrier et Alix Penant chez Flammarion, qui m’ont beaucoup donné, beaucoup appris. Mais on oublie trop souvent les « petites mains », les assistants qui travaillent aussi avec vous sur le texte, une fois que l’éditeur « senior » a fait un premier passage, et j’ai eu des moments de complicité littéraire extraordinaires avec beaucoup d’entre eux, comme Virginie Pelletier, Tatiana Séniavine ou Simon Labrosse, par exemple.

Quel est votre défaut principal ?
Damned ! Je crois que j’ai autant de défauts que j’ai de livres favoris, et que c’est difficile d’établir un classement ! Je suis obsédé, pervers, nécessairement mégalomane comme tous les écrivains, éternellement insatisfait… Mais j’ai aussi des qualités, enfin ! Quoique…

Avez-vous une passion incongrue ?
Oui. Les montres cassées. C’est une longue histoire. Disons que, déjà, j’ai toujours eu une fascination pour le temps, la détestable finitude qu’il nous impose, et donc pour les montres. J’ai commencé une modeste collection assez tôt, et puis, en 2005, après avoir cassé ma montre dans un accident de moto où j’ai bien failli perdre la vie, je me suis mis à collectionner… les montres cassées. Il y a forcément une explication psychanalytique intéressante derrière tout ça, mais le principal est que cela revient moins cher.

Qu’aviez-vous comme poster pour décorer votre chambre d’ado ? Et aujourd’hui ?
Dans ma chambre d’ado, il y avait des posters de Deep Purple et de Led Zeppelin sur tous les murs. Aujourd’hui, il y a une affiche originale des Sept Mercenaires, un poster de Corto Maltese, un double disque de platine que Renaud m’a offert, mon diplôme de Chevaliet de l’ordre des Arts et des Lettres, des photos de mes frères de moto, les Spitfires, un tableau de Jimmy Hendrix et un autre de Robert Plant… Bref, ça n’a pas beaucoup changé…

L’endroit qui vous fait fuir ?
Les mariages et les hôpitaux.

La personnalité historique que vous admirez ?
Louise Michel, sans conteste.

Qu’est ce qui, selon vous, fait la richesse de la littérature de l’imaginaire ?
Sa richesse n’est pas différente de celle des autres littératures. C’est sa capacité, elle aussi, à offrir de l’introspection, du partage, de l’émotion, de la réflexion… Entre la naissance et la mort, je ne vois pas ce que l’homme est capable de faire de mieux que de raconter des histoires. Notre imagination et notre envie de la partager, comme pour se rassurer, est ce qui me touche le plus dans l’espèce humaine.

Après vos deux trilogies de Fantasy, vous êtes passé il y a plus de dix ans au thriller. La Fantasy est-elle un genre en déliquescence ?
Pas du tout ! C’est un genre qui a encore de beaux jours devant lui ! J’ai toujours refusé de m’enfermer dans un seul genre, par peur de me lasser (au risque de perdre un peu mes lecteurs, je l’avoue, et d’agacer les libraires, qui ne savent jamais sur quelle table me ranger…). J’ai écrit de la Fantasy, du polar, du thriller, du roman historique, un roman que l’on pourrait qualifier de littérature blanche (Nous rêvions juste de liberté)… En réalité, je ne me pose jamais vraiment la question du genre ; le dénominateur commun entre tous mes romans, je crois, c’est la quête du vivre ensemble, la quête de l’autre. Mes héros sont souvent des personnages en quête de fraternité… Encore une fois, cela mériterait sans doute un passage chez un analyste, mais j’ai grandi avec deux grandes sœurs, et je crois que, toute ma vie, je me suis cherché des frères… C’est en tout cas une des thématiques récurrentes de mes livres.

Face à la multiplication des thrillers dans les genres technologiques, historiques ou ésotériques ne risque-t-on pas la saturation ?
Ce qui compte pour moi, c’est d’écrire des histoires qui me plaisent, que je prends plaisir à écrire (ce n’est pas toujours évident), et que j’aurais aimé lire en tant que lecteur. Je ne me pose pas vraiment de questions sur le marché et son éventuelle saturation. Ce serait d’ailleurs le meilleur moyen de se planter. Quand on calcule trop, dans un domaine qui n’a rien de scientifique, on est obligé de tomber sur de mauvais résultats.

Avez-vous plusieurs ouvrages sur le feu ou les abordez-vous un par un ?
J’écris mes romans un par un, et c’est déjà bien assez ! En revanche, quand je suis dans la rédaction d’un roman, je commence à penser au suivant, voire aux suivants. J’ai toujours un ou deux romans en tête, et il m’arrive de travailler sur une idée pendant des années avant de me mettre à la rédaction, ce qui ne m’empêche jamais d’écrire entre temps. Pour L’Apothicaire, il y a eu sept ans de gestation, de documentation. Depuis quinze ans, je réfléchis à un livre sur la Commune de Paris, et je ne l’écrirai peut-être que dans quinze ans…

Après vos deux trilogies de Fantasy, vous vous êtes rapidement fait un nom dans le thriller avec Le Testament des Siècles. Vous avez écrit ce romanentre 2000 et 2002, c’est-à-dire avant la publication du Da Vinci Code : c’est important de le souligner ?
Oui (et je vous en remercie !)… Cela a longtemps été pour moi la source d’une rancunière frustration. Un sacré hasard, et une sacrée surprise ! Un jour, alors que Le Testament des siècles était déjà chez son éditeur original, je découvre sur une table de librairie, à Londres, la couverture du Da Vinci Code… Je me suis dit, très naïvement : « Tiens ! Cela aurait fait un très bon titre pour mon roman !». Je l’ai pris et j’ai lu le résumé en quatrième de couverture, et là je vous avoue que j’ai eu un choc… Au fond, quand on les lit, on voit que le roman de Dan Brown et le mien sont très différents, mais la similitude des sujets traités est pour le moins déroutante ! Au fond, ce genre de choses arrivent souvent, parce que les auteurs puisent leur inspiration dans le même « air du temps ». J’ai sans doute lu les mêmes livres que Dan Brown, vu les mêmes films, et j’ai sans doute senti, comme lui, que cette ambiance ésotérico-historique se prêtait bien à cette époque du nouveau millénaire qui commençait. J’ai voulu piocher – de façon assez ludique, voire critique – dans tous les grands classiques de l’ésotérisme et de la théorie du complot, et forcément, on retombe toujours sur les mêmes références : l’opus dei, Jésus, l’alchimie, la franc-maçonnerie, les templiers…
Toutefois, les conclusions de nos romans n’ont absolument rien à voir, et ce sont deux interprétations du monde très différentes. Je me sens bien plus proche du rationalisme d’un Umberto Eco que de l’ésotérisme de comptoir de beaucoup de nos contemporains…

Vous avez écrit de nombreux romans à suite, vos trilogies de La Moïraet de Gallica, la série des enquêtes d’Ari Mackenzie, la série Sérum… Vous commencez à présent une nouvelle saga située pendant la Révolution française. N’est-il pas plus difficile de réussir une suite plutôt que de se lancer dans un roman unitaire ?
Il y a des avantages et des inconvénients. Le gros avantage : les personnages prennent de la consistance de tome en tome, ils ont un passé littéraire, une histoire, pour moi comme pour les lecteurs. L’inconvénient : cela nous oblige à rester cohérent par rapport à l’histoire précédente, ce qui parfois vous limite, et il y a bien sûr le risque de se lasser soi-même de ses personnages ! Mais quand on tombe amoureux de ses propres personnages, quand ils vous font rire, vous êtes heureux de le retrouver ! J’ai toujours eu un faible pour le roman d’aventure du XIXe siècle, et en particulier pour le roman feuilleton. Je suis aussi un gros consommateur de séries télé, et je crois que l’écriture périodique correspond bien à mes goûts et mes envies, il y a quelque chose de familial qui se construit entre vous, vos personnages, et vos lecteurs, et ça me plaît !

Dans le domaine du thriller ésotérique, les auteurs ne contribuent-ils pas à appesantir l’atmosphère conspirationniste ?
Peut-être. Et cette atmosphère est de plus en plus inquiétante, relayée par les réseaux sociaux et leurs fake news. En ce qui me concerne, je crois, j’espère faire le contraire : mes romans, surtout Le Rasoir d’Ockham et Les Cathédrales du vide, à la manière du Pendule de Foucault (à ma toute petite échelle, bien sûr…) ont plutôt tendance à dénoncer le conspirationnisme et l’ésotérisme de bazar des gens que Eco appelle « les diaboliques ». C’est le principe même du rasoir d’Ockham. Pourquoi chercher des explications farfelues quand la vérité est parfois si simple ? Le phénomène des fake news me préoccupe particulièrement, pour ne pas dire qu’il me contrarie. Il me fait prendre de plus en plus de distance avec les réseaux sociaux, qui me renvoient du monde une image de plus en plus négative. Je pense que nous avons beaucoup de travail à faire sur ce sujet, rappeler que la liberté de la presse est distincte de la liberté d’expression, que le fait de publier quelque chose entraîne une responsabilité tant de l’auteur que de celui qui lui permet de la publier… Je m’intéresse en ce moment aux associations qui travaillent sur cet épineux problème, et j’espère que nous épargnerons rapidement aux générations futures les dérives que nous sommes en train de connaître en la matière, qui ont certainement permis l’élection de Trump et le passage du Brexit, par exemple, deux événements dont le vingt-et-unième siècle se serait sans doute bien passé. L’éternel optimiste que je suis reste persuadé que le sens de l’histoire sera de nous rapprocher, et non de nous éloigner les uns des autres, avec des murs…

Quelles sont vos relations avec les lecteurs ?
J’entretiens beaucoup ces relations, parce que je ne suis pas un homme solitaire, et que je fais un métier qui l’est. Je me ressource beaucoup dans mes rapports avec les lecteurs, dans les salons, mais aussi, en effet sur Internet. C’est important pour moi, car je sais que je leur dois beaucoup, et je veux leur témoigner ma gratitude en me rendant aussi disponible que possible. Et puis, il faut être honnête, j’aime m’amuser, et en général, on s’amuse bien en ces lieux…

Comment expliquer que certains de vos romans soient traduits dans plus de dix langues, en espagnol, italien, allemand, en russe ou même en coréen, mais aucun en anglais ?
Bonne question ! Mes romans sont présents dans presque tous les pays d’Europe, Espagne, Allemagne, etc… mais dans aucun pays anglo-saxon. La raison est simple : les anglo-saxons traduisent très peu d’auteurs étrangers, car ils ont déjà un très grand nombre d’auteurs de leur propre langue (entre la Grande-Bretagne, les US, l’Autralie, le Canada…). Et peut-être aussi par manque de curiosité. La situation est pour moi d’autant plus grotesque que, étant bilingue français-anglais, ce serait les seules traductions que je pourrais lire ! Mais les choses sont en train de bouger, cela va peut-être changer ! Je vous tiendrai au courant !

Réussir son premier roman – I : Introduction

LA FRANCE EST UN PAYS DE LITTÉRAIRES

Quoi qu’en disent certains fâcheux, les Français aiment lire. Contrairement à ce que beaucoup affirment, la proportion des Français qui lisent n’a quasiment pas évolué au cours des vingt dernières années, sinon dans le bon sens. Ils étaient 66% en 1981, ils sont 69 % aujourd’hui.
En outre, les Français aiment aussi écrire. Tous n’osent pas l’avouer, beaucoup en rêvent secrètement, mais le fait est que vous êtes chaque année des dizaines de milliers à envoyer un manuscrit aux maisons d’édition. Vous êtes aussi, mathématiquement, des dizaines de milliers à recevoir de très impersonnelles lettres de refus. Parmi les manuscrits envoyés par la poste aux éditeurs, seul un sur six mille finit par être publié. C’est très peu mais, encore une fois, contrairement aux idées reçues, les éditeurs lisent réellement les manuscrits qu’ils reçoivent par la poste, à condition bien sûr que cela soit fait dans les règles de l’art. Le joli succès de mon ami Bernard Minier en est une preuve parmi bien d’autres. Son premier roman, Glacé, a été envoyé sous enveloppe timbrée à six éditeurs. Cinq ont répondu en quelques semaines, dont plusieurs positivement ! L’ouvrage, publié au final par les éditions XO, a rencontré un succès extraordinaire en France, et a été traduit dans plus de dix langues…
Vous êtes également fort nombreux, chaque semaine, à nous envoyer – à nous écrivains – des courriers ou des e-mails, pour nous demander un conseil, un avis, un petit coup de pouce… À force de recevoir, depuis plus de dix ans, ce type de demandes, bien conscient qu’une simple réponse de quelques lignes ne saurait satisfaire entièrement votre attente, et n’ayant plus le temps, malheureusement, de me plonger dans les textes que vous me soumettez, j’ai fini par me décider à consacrer un texte plus approfondi à l’écriture de roman et à le mettre gratuitement à votre disposition sur mon site Internet, sous forme de dix petits articles, dont voici le premier…

MON PREMIER CONSEIL ? RENONCEZ !

Non pas que la concurrence me fasse peur, mais le « marché » est tellement difficile que, pour la grande majorité de ceux qui rêvent de se faire éditer, la déception est souvent au rendez-vous.
Écrire un roman est avant tout un acte de foi, celle de l’auteur et de l’éditeur en la puissance du récit et en la curiosité potentielle des lecteurs pour celui-ci. Romancier n’est pas toujours un métier facile, c’est un métier solitaire, ardu parfois, peu rassurant et, le plus souvent, peu rémunérateur. On estime que seuls 2% des auteurs publiés vivent exclusivement de leur plume et, parmi ceux-là, tous n’en vivent pas confortablement. Pas vraiment ce qu’on peut appeler un métier d’avenir ! Pour devenir écrivain, il faut y croire, il faut en avoir envie plus que de toute autre chose. Si c’est votre cas, si c’est votre rêve, et si vous êtes de ceux qui aiment aller jusqu’au bout de leurs rêves, alors autant mettre toutes les chances de votre côté…

METTRE LES CHANCES DE SON CÔTÉ

Mettre les chances de son côté, c’est accepter, d’abord, de se familiariser avec ces fameuses « techniques ». Mais peut-on vraiment les connaître ? Le romancier britannique Somerset Maugham écrivait, non sans humour :« Il y a trois règles à respecter pour écrire un roman. Malheureusement, personne ne les connaît. »
De fait, pour ce qui concerne l’apprentissage du métier d’écrivain, il n’y a qu’une seule chose que je puisse affirmer ici comme un dogme : il n’y a pas de recette miracle ! La persévérance est la seule véritable règle.
Si vous pensez qu’à la seule lecture de ces articles (ou d’autres) vous pourrez devenir en quelques jours un Romain Gary ou un Stephen King, je suis dans le regret de vous annoncer que vous avez fait fausse route, je n’ai malheureusement pas ce pouvoir magique (et d’ailleurs, si je connaissais la formule, croyez bien que j’aurais commencé par me l’appliquer à moi-même…).
Ce petit guide ne prétend aucunement pouvoir faire de vous un auteur accompli à sa seule lecture. Il n’a d’autre ambition que d’aider celui qui, déjà, est sur le chemin de l’écriture. Il n’y aura dans ces lignes aucune vérité absolue, mais seulement des remarques subjectives, des pistes, mon témoignage personnel en tant qu’auteur publié depuis plus de vingt ans désormais.

VINGT FOIS SUR LE MÉTIER…

En réalité, il n’y a pas une méthode pour écrire un roman. Il y a autant de méthodes différentes qu’il y a d’auteurs et, comme dans toute corporation, la seule chose que celui qui a déjà longuement pratiqué son métier peut offrir au novice, c’est le partage de son expérience propre. Aussi, dans ce texte, c’est ma méthode que je vous présenterai, bien conscient qu’elle n’a pas plus de légitimité qu’une autre, espérant simplement qu’elle saura vous inspirer, vous donner une piste pour construire la vôtre, au fil du temps.
La seule véritable « recette », en réalité, je le répète à chaque jeune auteur que je rencontre, c’est la persévérance, le travail. On ne devient pas concertiste sans faire ses gammes. Le premier – et meilleur – conseil que l’on puisse donner à l’apprenti écrivain nous vient tout droit de l’Art poétiquede Nicolas Boileau :

Hâtez-vous lentement et sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Si vraiment vous voulez écrire et être publié, si la chose vous habite entièrement, alors ne vous découragez jamais, même au pied du mur ! Songez, par exemple, que Stephen King lui-même a essuyé une bonne dizaine de refus avant qu’un éditeur accepte enfin de publier l’un de ses nombreux manuscrits, Carrie, et imaginez quelle incroyable carrière littéraire le gaillard eût manqué s’il n’avait point persévéré ! Si le découragement est un adversaire fidèle de l’écrivain, son meilleur ami reste l’entêtement.

C’EST PAS FACILE TOUS LES JOURS…

On a souvent du métier d’écrivain une image quelque peu idéalisée, oserais-je dire « romanesque » ? On l’imagine assis quelques heures ici et là, à rêvasser devant un long bureau en chêne et laisser quelque muse bienveillante lui dicter de belles lignes comme par magie, puis on le voit passer ses soirées dans des cocktails mondains à fréquenter le gotha germanopratin en sirotant du champagne… La réalité est, malheureusement, bien loin de cette vision idyllique (ou éthylique). Croyez-moi, les auteurs qui passent le plus de temps dans lesdits cocktails sont ceux qui, à l’évidence, écrivent le moins ! L’écrivain est une personne qui passe le plus clair de son temps devant un ordinateur, à écrire, réécrire, corriger, recommencer, lutter, chercher. Écrire est un travail, un véritable travail de longue haleine, accaparant, ardu, répétitif, et souvent frustrant.

ALORS ? TOUJOURS PARTANT ?

Soit. Si votre envie est authentique et si le travail ne vous fait pas peur, si l’envie de devenir millionnaire n’est pas votre seul moteur, alors, cher lecteur, ou cher futur auteur, allons-y ! Car malgré tous ces barrages, toutes ces épreuves, je peux bien vous l’avouer, à présent : si c’est pour vous un besoin, alors écrire peut aussi devenir un plaisir. Un immense plaisir. L’écriture est un moyen d’expression, c’est-à-dire un moyen de faire sortir de son for intérieur les idées ou les sentiments qui y sont enfouis, pour les partager, les offrir. L’écriture est un pont que l’on tend vers l’Autre, une main tendue, et il n’est de sentiment plus doux que celui de trouver la réponse à cette poignée de main : un lecteur.
Aussi, laissez-moi vous dévoiler ici certains de mes petits secrets et, un jour peut-être découvrirai-je les vôtres ! Puisque l’écriture est un partage, partageons…

Réussir son premier roman – II : Pourquoi écrire ?

POURQUOI ÉCRIRE ?

Cette question, je crois, l’écrivain se la pose, ou devrait se la poser toute sa vie. Très probablement, il n’y répondra jamais complètement. Il y a quelque chose qui relève de la vocation dans le choix de ce métier qui, comme je l’ai dit en introduction, s’il peut apporter bien des joies, n’est pas forcément de tout repos…
Se demander pourquoi on écrit est un bon moyen de donner plus de profondeur à son travail, car cela permet de se fixer des objectifs, si possible ambitieux, et de travailler à leur réalisation. Est-ce que j’écris pour faire rire les gens ? Les divertir ? Les émouvoir ? Les faire réfléchir ? Est-ce que j’écris pour moi ? Pour changer le monde ? Et si c’est le cas, comment faire pour approcher le mieux possible ce dessein ?
Pour écrire, il faut d’abord en avoir envie. La chose peut paraître évidente, mais elle ne l’est pas tant. Certains veulent écrire simplement parce qu’ils en aiment l’idée. L’idée de devenir « écrivain ». Mais cela ne suffit évidemment pas ! Pour que ce projet ait un sens, et pour se donner les chances d’aller jusqu’au bout, il faut savoir ce que l’on a vraiment envie de faire avec son livre, et être prêt à s’y livrer entièrement. Sans envie d’écrire, il n’y aura probablement pas d’envie de lire chez vos lecteurs.

TROUVER SA VOIE ET SA VOIX…

Se lancer dans l’écriture, c’est l’occasion de faire le point sur votre désir profond, intime, sur la flamme qui vous anime. Votre vie quotidienne, vos responsabilités, vos devoirs vous éloignent souvent de l’essentiel. Beaucoup d’écrivains affirment d’ailleurs qu’écrire est un acte qui peut épargner à l’auteur quelques années de psychanalyse, car il vous permet d’entreprendre une démarche assez similaire : explorer votre psychisme, explorer votre inconscient, reprendre contact, au fond, avec ce qui fait la singularité de votre être, et l’extérioriser avec des mots.
Écrire, c’est affirmer que quelque chose de lumineux peut émaner de la solitude. Celle de l’auteur, qu’il délivre par les mots, et celle dans laquelle le lecteur se réfugie avec plaisir pour les recevoir.
J’ai tendance à penser que le secret d’un livre réussi, c’est avant tout son authenticité. En littérature, le crime ne paie pas. Si vous « faites semblant », il y a peu de chances que votre livre touche les gens. Cherchez votre voie, et trouvez votre voix.

ÉCRIRE POUR LES AUTRES…

De même, quoi qu’en disent certains, on n’écrit jamais seulement pour soi. L’acte d’écrire est, par définition, une volonté d’offrir à l’autre (et d’abord au papier) des mots qui, ensemble, font une histoire, laquelle transmet une idée, une interprétation du monde. Il n’y a pas d’écriture pour soi en ce sens que, même quand on écrit un journal intime, c’est dans l’espoir (conscient ou non) que celui-ci soit lu, un jour, par quelqu’un d’autre, quand bien même cet autre serait soi-même, quelques années plus tard, retombant sur ces pages oubliées, témoins de ce que nous étions jadis. Les mots écrits ne prennent vie que quand ils sont lus, et ne pas l’oublier oblige l’écrivain à penser avant tout au lecteur.
Ainsi, il est essentiel d’avoir à l’esprit sinon le plaisir du lecteur, au moins son intérêt. Il n’y a de plus terrible punition pour un auteur que de ne pas être lu jusqu’au bout. « Tout écrivain, pour écrire nettement, doit se mettre à la place de ses lecteurs », disait Jean de La Bruyère.
En revanche, on peut (on doit, même) écrire en se faisant plaisir à soi. Les plus belles pages d’un roman sont souvent celles que l’on a pris le plus de plaisir à rédiger. Le plaisir d’écrire, c’est celui de se dépasser, de réussir à trouver les mots qui, de la façon la plus juste possible, sauront exprimer ce que votre esprit ou votre cœur vous disent. Ce plaisir est d’ailleurs sublimé quand, parfois, par miracle, quelques lignes vont plus loin encore que vous ne l’aviez espéré, et il n’est de plus grande joie que celle de se laisser dépasser par son œuvre. Comme l’a écrit Milan Kundera, « Les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs »…

… MAIS PRENDRE DU PLAISIR

L’idéal est donc de trouver le juste milieu entre le plaisir de l’émetteur et celui du récepteur. La question que l’on doit se poser est : cette histoire véhicule-t-elle quelque chose qui peut intéresser quelqu’un et, si c’est le cas, comment faire pour qu’elle y parvienne le mieux possible ? La première règle consiste donc à choyer son lecteur : Aristote disait que la première qualité du style est la clarté. Mais, en se vouant à son lecteur, l’auteur ne doit pas, pour autant, sacrifier son propre plaisir, car cela se sentirait. Un écrivain qui s’ennuie est un écrivain qui ennuie et, en outre, quand on s’ennuie soi-même, on a bien de la peine à finir son roman…
C’est ici toute la difficulté de l’écriture : l’auteur doit être un bon « faiseur », un bon artisan, mais il ne doit pas être que cela. Il doit aussi être une âme. Le danger est de pécher dans l’un ou l’autre sens : n’être qu’un faiseur sans âme, ou n’être qu’une âme sans manière. C’est d’ailleurs le cas de bien des romans. Trop nombreux sont les auteurs qui négligent le fond et ne se soucient que de la forme, et réciproquement, trop nombreux sont ceux qui se gargarisent de leur pensée sans se soucier du plaisir que pourraient avoir les lecteurs à la lire. On peut avoir une méthode parfaite, appliquer les plus belles recettes du monde, si l’on a rien à dire, on ne fera pas un beau roman. De même, on peut avoir la plus belle chose du monde à dire, si on le fait sans y mettre la forme, on a toutes les chances de perdre son lecteur. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, disait Boileau, et les mots pour le dire arrivent aisément.