Confidence Livresque 16 : On n’écrit pas seulement pour soi.

L’acte d’écrire suppose, par essence, la présence d’un autre – fût-il hypothétique, invisible, ou encore à venir. Même dans les formes les plus intimes de l’écriture, même dans un journal qu’on croit ne destiner à personne, il y a toujours le fantasme d’un lecteur, ne serait-ce que soi-même, plus tard, redécouvrant un carnet jauni au fond d’un tiroir…

Revendiquer qu’on écrit « pour soi seul », c’est, au mieux, une posture romantique, au pire, une imposture vaniteuse. On écrit pour être lu. Pour être compris. Pour toucher. Pour convaincre. Et c’est bien ainsi. Car cette attente — même ténue — nous oblige. Elle nous pousse à chercher la justesse, la clarté, le rythme. Elle fait de l’écriture un acte de transmission.

Toutefois… Chaque fois que je me lance dans l’écriture d’un nouveau roman, je me pose toujours la même question : à qui ce livre est-il censé procurer du plaisir ? À vous, lecteurs… ou à moi ? Car au fond, l’envie d’écrire naît toujours de l’un de ces deux moteurs : le désir de faire plaisir, ou… l’onanisme pur et simple. Ainsi, il y a des livres où l’on pense un peu plus à soi, et puis des livres où l’on pense un peu plus au lecteur.

Avec les années, j’en viens à croire que l’écriture et le plaisir charnel obéissent à la même loi. Ce n’est jamais aussi réussi que quand les deux partenaires y trouvent leur compte.