À l’occasion de la sortie de mon nouveau roman Les Disparus de Blackmore, je me suis soudain souvenu qu’il fallait que je mette à jour mon site internet, afin d’y intégrer cette dernière parution… En ouvrant l’interface d’administration WordPress, je me suis mis à soupirer en me demandant si ce site « vitrine » servait vraiment encore à quelque chose, en dehors de donner la liste de mes romans et ma biographie, choses que l’on peut trouver facilement ailleurs, ne serait-ce que sur Wikipedia (bon, certes, j’ai encore les cheveux peroxydés sur la photo là-bas mais, pour le reste, c’est plutôt assez complet…). Moi-même, je ne viens ici qu’une ou deux fois par an, pour ajouter un nouveau roman et, quand j’y pense, annoncer les dates de mes séances de dédicaces. Ce constat un peu désolant, ajouté à mon récent départ des réseaux sociaux propriétaires pour une migration vers Mastodon, m’a alors poussé à réfléchir : soit je fermais ce site devenu quasi inutile, soit je lui offrais une nouvelle formule, ou plutôt une bonne vieille formule : « Tiens, et si j’en faisais un blog ? ».
OK, mais Pourquoi un blog ?
Si, en migrant sur Mastodon, j’ai retrouvé un véritable plaisir de partage, débarrassé de la publicité ciblée intempestive et d’un contenu orienté par un algorithme obscur, son fonctionnement, très inspiré du « micro-blogging » à la Twitter ne me satisfait pas entièrement. D’abord, il y a la limite de taille (500 caractères), qui oblige certes à être concis et à aller droit au but, mais qui empêche de développer ses idées et de prendre le temps de dire les choses clairement, même avec des subjonctifs de l’imparfait. Ensuite, il y a ce côté éphémère des « posts » qui peut s’avérer parfois frustrant. La difficulté qu’éprouvent vos visiteurs pour retrouver un vieux post où vous avez dit quelque chose de super intelligent minimise la durée de vie de vos écrits.
La nature du blog corrige ces deux défauts : non seulement vous avez toute la place que vous voulez pour dire clairement ce qui se conçoit bien, mais, en plus, vos écrits restent accessibles longtemps, sont archivés, et peuvent continuer d’être « partagés » des années après leur publication, s’ils le méritent (ne soyons pas trop présomptueux). C’est par exemple le cas de mes conseils d’écriture, que j’ai rédigés en 2019, et que je suis heureux de voir encore régulièrement partagés ici et là, justement parce qu’ils sont référencés sur mon site, et non pas tombés dans les oubliettes d’un réseau social, dont l’intérêt n’est pas de constituer un corpus collectif mais simplement du trafic et du siphonnage de données…
Ainsi, l’idée de revenir à un blog, à l’ancienne, de reprendre le temps, et de proposer à ceux qui le veulent de s’y abonner par le biais d’une newsletter, ou de venir y flâner de temps en temps m’a paru en adéquation avec la transition numérique que j’ai entreprise en quittant les réseaux sociaux propriétaires. Et j’ai le sentiment de ne pas être le seul dans ce cas : je crois que, dans les années à venir, les déçus du réseau social seront nombreux à retourner au blogging d’avant.
Ici, mes écrits ne seront pas placardés de force sur vos murs, vos données personnelles ne seront pas pillées et revendues à des tiers (je ne saurais même pas comment faire, haha) et nous ne ferons pas la course aux likes et aux partages. Vous lirez mes articles si vous en avez envie, vous en serez informés si vous êtes abonnés, et vous n’aurez pas besoin de cliquer sur un petit pouce bleu pour dire à tout le monde que vous avez trouvé ça super chouette : vous en penserez ce que vous voudrez, information qui, au fond, ne regarde que vous.
Small is beautiful
Je n’ai malheureusement pas les compétences informatiques suffisantes pour offrir à ce blog la forme dont je rêve (cela nécessiterait un sérieux nettoyage du code généré automatiquement par WordPress), à savoir un blog épuré, au code élégant, à la manière de l’un des maîtres en la matière, le captivant Ploum.net qui, bien plus calé que moi en informatique, est arrivé à la forme la plus soigneusement purifiée qui soit. Mais je vais m’efforcer de m’en approcher, à la hauteur de mes moyens (à savoir en utilisant WordPress avec le plus de sobriété possible).
En même temps que ma prise de conscience concernant la nocivité des GAFAM en général et des réseaux sociaux propriétaires en particulier, je suis en train de vivre, depuis quelques mois, une véritable prise de conscience écologique (et climatique). Or, la concomitance de ces deux révélations n’est pas fortuite. Il suffit d’écouter l’Octet Vert, formidable podcast de Tristan Nitot, pour constater à quel point écologie et numérique (ou plus largement high-tech) sont étroitement liés. Le numérique est à la fois l’un des artisans de la dégradation de notre planète et un outil qui, correctement utilisé, pourrait nous aider à la ralentir, voire à la stopper.
Ainsi, viser une forme de sobriété numérique fait partie de ces petits gestes (qui ne seront plus anecdotiques quand nous serons suffisamment nombreux à les faire) qui participent à la réduction du gaspillage énergétique et que j’ai décidé d’adopter (avec tout un tas d’autres petits gestes quotidiens qui ne regardent que moi…). Un site sobre, sans fioriture, qui s’affiche vite et qui ne nécessite pas un immense espace de stockage, est bien moins énergivore qu’un gros site bourré d’images, de vidéos et de gadgets inutiles comme celui que j’entretenais jadis. Un podcast audio, par exemple, est souvent aussi efficace qu’une chaîne Youtube, tout en étant bien moins gourmand et donc moins dépensier.
Ainsi, donc, fini le joli site avec tout plein de couleurs, de calques transparents en parallax, d’animations tape-à-l’œil, de photos dans tous les sens, de vidéos en veux-tu en voilà… Cette nouvelle version de mon site se veut aussi sobre que possible, vous offrant du texte en noir sur fond blanc et peu d’images, car, après tout, en terme d’échanges épistolaires, il est grand temps que nous revenions à l’essentiel : le texte !
Oui mais c’était quand même VAChEMENT plus pratique de vous suivre sur Facebook !
Plus pratique, peut-être. Plus enrichissant, non. Certes, pour me « suivre » sur les réseaux sociaux, il vous suffisait de cliquer sur le bouton homonyme et, de temps en temps, sur votre mur, vous tombiez sur l’une ou l’autre de mes publications, certaines d’un intérêt – il faut bien l’admettre – indéniablement limité. Un jour, pour faire un test, j’ai publié le post « Tiens, ce matin, à dix heures, j’ai eu besoin de remonter mes chaussettes » : une heure après, cette publication passionnante avait récolté plus de 1 200 likes. Bon. Certes, il y avait du second degré dans tout cela, mais enfin, tout de même, vous et moi avons mieux à faire de notre temps, n’est-ce pas ?
Ainsi, aujourd’hui, si vous voulez continuer à rester en contact avec moi, vous avez trois choix (cumulables) :
– Me suivre sur Mastodon,
– Vous abonner à la Newsletter de ce blog pour être alerté de temps en temps, avec parcimonie,
– Venir lire ce blog de vous-même, quand cela vous chante.
Certes, cela demande un tout petit peu plus d’engagement de votre part, mais, en contrepartie, je m’engage, moi, à y publier des textes plus intéressants (je n’ai pas remonté mes chaussettes ce matin), plus travaillés, plus réfléchis, et moins fréquents. J’y développerai notamment la série des Confidences livresques entamée sur Mastodon. Vous serez certainement moins nombreux à me suivre, mais je suis certain que les échanges qui en découleront seront bien plus enrichissants, et il est grand temps que nous reprenions le contrôle de nos échanges, que nous profitions de ce formidable outil qu’est internet dans un esprit plus fidèle aux rêves qu’avaient formulés ses créateurs.
En tout cas, on va essayer, pour voir…