Lorsque je me lance dans l’écriture d’un roman, je procède en plusieurs phases, chacune avec son lot d’enthousiasme, de doutes… et de découvertes.
Tout commence par une idée. Ou plutôt, par un mélange d’idées. Ce n’est jamais un seul sujet qui déclenche l’aventure, mais une constellation d’intentions. En général, je cherche une idée que je vais pouvoir utiliser pour aborder plusieurs sujets qui me tiennent à cœur. Par exemple : “ Tiens ! J’ai envie d’écrire un roman qui se déroule pendant la Conquête de l’ouest, mais de manière hyper réaliste, le plus proche possible de la vérité historique. Ça va me permettre aussi de raconter l’immigration française aux USA (dans les films, on dirait qu’il n’y a eu que des Irlandais et des Italiens… alors qu’il y a eu énormément de Français), et puis je vais en profiter pour parler des rapports entre ces migrants et les tribus amérindiennes, et puis pendant que j’y suis, je vais pouvoir traiter d’un des sujets qui me hantent en ce moment, le rêve américain et ce qu’il est tristement devenu avec l’autre mariole tout orange, là… Ah, et puis aussi, tiens, je vais en profiter pour faire partager mon amour des chevaux…”.
Quand ces envies se rencontrent et commencent à résonner ensemble, je sais que je tiens quelque chose.
Vient alors l’étape du premier synopsis, une page tout au plus. Ce n’est pas encore très détaillé : j’y note simplement le point de départ, la tension dramatique centrale, et une idée de la fin. Ce mini-plan m’aide à poser les bases… et surtout, à repérer les sujets sur lesquels je vais devoir me documenter : histoire, science, géographie, architecture, vocabulaire d’époque… bref, la partie que j’appelle la grande plongée !
La phase de documentation est sans doute la plus chronophage, mais c’est aussi l’une des plus stimulantes. J’y apprends toujours mille choses passionnantes, je fais de belles rencontres, et parfois, des portes s’ouvrent — au sens propre : on me laisse visiter des lieux fermés au public, simplement parce que je suis un mec super sympa, d’abord.
Souvent, cette phase enrichit considérablement mon intrigue. Des rebondissements surgissent, des personnages s’imposent, des pistes nouvelles apparaissent. C’est un moment de joyeux chaos créatif.
Une fois ce socle bien en place, j’attaque donc la rédaction d’un synopsis détaillé, chapitre par chapitre. Ce document évolue sans cesse (il m’arrive souvent de le modifier en cours d’écriture), mais à la fin, il fait généralement une quinzaine de pages.
Et c’est là que j’utilise un petit secret de fabrication : un code couleur qui me permet de visualiser d’un coup d’œil le point de vue narratif de chaque chapitre (selon le personnage mis en avant). C’est un outil redoutablement efficace pour repérer les déséquilibres dans la construction du récit.
Allez, on est en confidence : voici donc ce que ça donne, une fois le plan terminé et affiché sur mon écran (oui, j’affiche tout d’un coup, en tout petit, et je recule pour avoir une vue d’ensemble). Voilà. Ça ressemble à ça — oui, je sais, j’ai flouté… C’est mon prochain roman, petits malins ! Là, il s’agit des six dernières pages de mon synopsis. Bon, ok, là, c’est un mauvais exemple, parce qu’on voit un certain déséquilibre avec la partie en rouge, isolée. C’est normal, c’est le seul chapitre vu à travers le regard du méchant ! Mais vous voyez l’idée, n’est-ce pas ?
Et ne le répétez à personne, hein ? C’est l’un de mes petits secrets d’écriture. J’en partage quelques autres dans la rubrique Conseils d’écriture sur mon site. Allez jeter un œil si ça vous intéresse — c’est gratuit, et c’est fait pour ça.