Confidence Livresque 07 : Merci Daniel.

Pendant longtemps, quand on me demandait s’il y aurait une suite à Nous rêvions juste de liberté, la question me laissait perplexe. Pour moi, l’histoire de Bohem et de la bande à Freddy se suffisait à elle-même – elle n’appelait pas de prolongement.

Et puis un jour, comme ça, sans prévenir, une idée m’est tombée dessus. Comme un cadeau venu de nulle part. Comme une urgence qui me brûlait les doigts, une évidence qui me réclamait de prendre la plume, toute affaire cessante, pour la laisser sortir. Au fil des jours, cette idée a pris forme et l’intrigue de Pour ne rien regretter s’est concrétisée. Ce faisant, j’ai rapidement compris que, sans en avoir l’air, l’aventure de Véra était en droite ligne de Nous rêvions juste de liberté. Certes, ce n’était pas une suite directe. C’était une réponse. À dix ans d’intervalle.

Nous rêvions juste de liberté racontait les vicissitudes de ma génération. Pour ne rien regretter parle de celles de mes enfants, qui viennent tout juste de dépasser la vingtaine. Alors que je venais, moi, de faire l’intérieur à ma cinquantaine, l’envie de tisser un lien entre nos combats s’est imposée à moi : entre les combats de ma génération et ceux de la leur, entre ceux de Bohem et ceux de Véra, entre ce que nous avons cru possible, et ce que les générations nouvelles tentent encore d’inventer. D’espérer.

Et cette gêne que j’éprouve parfois à l’idée de laisser à nos enfants le monde tel qu’il est, je l’ai confiée à Freddy. Freddy, qui voit grandir sur les ruines du passé une jeune fille qui aurait pu être celle de Bohem. Une jeune fille libre. Qui ne baisse pas la tête et qui, par sa singularité, s’efforce d’éveiller les consciences.

Bref… Au début, ce livre devait s’intituler Et nous voulions tuer Goliath. Certains s’en souviennent peut-être… C’était un titre plus rude. Plus frontal. Et puis, un jour, un autre titre s’est imposé à moi. Plus doux, plus intime peut-être : et c’est celui qu’il a porté à sa naissance. Pour ne rien regretter.

Mais savez-vous seulement d’où il vient ?

Peut-être avez-vous reconnu ces quelques mots. Oui : c’est bien la fin d’une phrase tirée de l’une des plus belles chansons de… Daniel Balavoine (Le Chanteur). Car certes, cette chanson commence par “Je me présente, je m’appelle Henri”… OK. Ça va. Je sais. Mais surtout, elle se termine par cette phrase qui m’a toujours bouleversé, d’autant plus que Balavoine l’a écrite alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme : “J’veux mourir malheureux… pour ne rien regretter.” Cette phrase me hante depuis toujours. Elle m’habite. Je crois même qu’elle me guide, ici et là. Et je crois en tout cas qu’elle résonne profondément avec l’univers de Bohem, de Véra, et de ceux qui, comme lui, comme eux, n’ont jamais voulu plier. J’ai pour Balavoine une affection toute particulière. Il est de ces quelques personnes pour lesquelles mon admiration va bien au-delà de leur œuvre, jusqu’à leur personnalité même, Gary, de Beauvoir, Brassens…

Mais attendez ! Ce n’est pas tout ! Les titres des trois parties du roman ? Y avez-vous prêté attention ? Ne vous semblent-ils pas, eux aussi, un discret hommage à cette même chanson ? 😉

Allez, demain, c’est promis, je vous raconterai l’histoire cachée derrière la couverture de ce roman. Car jamais une couverture ne m’a été aussi précieuse que celle-ci !